Pascal Roussel : Un simple flocon de neige peut provoquer une avalanche
Depuis mars 2009, les autorités publiques et les medias financiers traditionnels se sont livrés à un véritable matraquage sur le thème « une action coordonnée des pouvoirs publics et des banques centrales va nous permettre de sortir de la crise et de relancer l’économie ». Mais les plans de relance s’empilent sur les plans de sauvetage et en observant la Grèce sombrer, le monde prend conscience de la réalité: aucune institution et aucune autorité publique ne parviennent à stopper la crise financière et économique.
Ainsi après six heures de réunion, les ministres des Finances de la Zone Euro ne sont parvenus à un aucun accord sur la mise en place d’un nouveau plan d’aide à la Grèce. Le montant discuté était d’environ 105 milliards d’euros mais les créanciers du secteur privé n’ont pas voulu s’engager en faveur d’un “soutien volontaire” au Trésor grec lors de futures émissions obligataires. De même, aucun terrain d’entente n’a été trouvé quant à une éventuelle restructuration de la dette avec pertes pour les créanciers privés ou publics.
Une agence de notation de crédit a abaissé à CCC la note de trois banques grecques ce qui les place dans la catégorie d’insolvabilité imminente. Cette perte de confiance va accélérer les retraits des épargnants et les transferts des avoirs à l’étranger et diminuer encore plus les fonds propres de ces institutions…
Malgré les aides et plans de sauvetage, la Grèce n’arrive pas à sortir la tête hors de l’eau : pour emprunter sur les marchés à deux ans, le gouvernement grec doit payer 28% d’intérêts. Inutile d’en dire davantage, ce chiffre astronomique résume bien la situation mais ce qui fait vraiment peur c’est de réaliser que la Grèce est un petit pays. Une question angoissante commence à poindre dans la tête des gens : si les
gouvernements et banques centrales ne parviennent pas à sauver la Grèce comment vont-ils faire pour aider les plus gros pays et en particulier le plus malade, à savoir les Etats-Unis ? En focalisant l’attention sur l’endettement public de la Grèce, les médias traditionnels vont rendre apparent, dans les prochains mois, la gravité de la situation des pays les plus endettés (Etats-Unis, Japon et Royaume-Uni). Cette polarisation sur la question des déficits publics risque même de freiner la Fed dans la mise en place du « Quantitative Easing 3 » pourtant indispensable aux yeux des institutions financières et des grands fonds de pension américain pour éviter un effondrement de la bourse et la remontée des taux longs américain. La Grèce risque de faire voler en éclat l’idée qu’un pays moderne possédant une monnaie parmi les plus échangées au
monde, ne peut pas faire défaut.
Un deuxième élément qui apparaît aux yeux du grand public, c’est qu’après les plans de relance inefficaces et financés par la dette, c’est maintenant l’étape des mesures d’austérités très dures. Les populations n’y sont pas du tout préparées car elles ont été contraintes de bâtir leur prospérité apparente sur les dettes. Tout comme les Etats, elles sont très endettées et sont incapables de subir de nouvelles taxes ou des réductions de revenus. Assez logiquement, elles trouvent injustes de devoir payer pour éponger les pertes de leur gouvernement et de leurs banques. Nous vivons les prémisses de graves troubles sociaux.
Un troisième élément qui est de plus en plus apparent c’est que l’acharnement contre la Grèce va agir comme un nouveau « Lehman Brother ». Le monde financier pressent que la Grèce risque bien de n’être qu’un simple petit domino qui fera tomber brutalement et rapidement des plus gros jusque bien loin en dehors de l’Europe. Mais au sein du système financier actuel très fragile, personne n’est capable de prédire
précisément les conséquences. Cette plongée vers l’inconnu fait craindre le pire.
Le monde actuel est intégralement bâti sur les dettes. Depuis la fin de Bretton Woods en 1971, la monnaie n’est plus liée à l’or ou l’argent-métal mais uniquement aux dettes. Jamais dans l’histoire une personne n’avait utilisé la dette de quelqu’un d’autre pour payer ses achats. La crise que nous traversons n’est certainement pas le fruit d’un accident de l’histoire ou de circonstances malencontreuses et imprévisibles.
Nous vivons en ce moment, une véritable période charnière durant laquelle nous assistons à un début de prise de conscience par la vaste majorité, de ce que nombreux spécialistes dénoncent depuis des années dans les medias alternatifs : les solutions traditionnelles sont inefficaces car elles ne traitent pas la nature profonde du problème.
Pascal Roussel . (source: forum bourso)
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